La vie en pschitt majeur


Ne pas dépérir

Si tes épines sont toujours aussi dures, plonge-les dans du lait et du miel une nuit entière. Si tes feuilles sont  raides et altérées, bande-les pendant quatre jours de fines lamelles de soie macérées dans de l’huile de noisette. Si tes pétales sont désespérément fades, humecte-les d’éclatantes gouttelettes d’eau de rosée du printemps parfumées à la finesse du thym. Si ta tige faiblit chaque jour un peu plus, dépose à son pied des bulles de coton saupoudrées de sucre de canne roux légèrement caramélisé. Si ton parfum s’étiole trop vite, plonge dans ton terreau  quelques fraîches écorces d’orange et de fines pelures de banane.

Et laisse la recette faire sa magique œuvre, naturelle splendeur que tu laisses faner.


Après la pluie…

Tom, il en crève d’essayer de vivre en conformité avec ce qu’il est.  Du coup, il a parfois l’âme dans les étoiles et le cœur au bord des larmes. Souvent les autres ne comprennent pas, le poussent dans ses retranchements, dans ses doutes, dans ses peurs. Et il s’y perd à nouveau.  Alors Lulu  le fait assoir sur la grande chaise bancale devant la fenêtre. Elle lui demande de compter  doucement et à haute voix,  en couleurs. Rouge. Orange. Jaune. Vert. Bleu. Indigo. Violet. Et quand il se mélange les pinceaux à force de peindre  en mots, elle éclate d’un rire flatteur et lui susurre Tu vois l’artiste, c’est un arc en ciel que tu as dans la tête…

Et puis elle tourne les talons en lâchant son sempiternel pas d’arc en ciel sans pluie, c’est la vie !